Déclaration- Dr Jonathan Gba à Mgr Jean-Pierre Kutwa : « Non, un guide religieux, ne devrait pas se répandre avec autant de maladresse et d’irrévérence ! »

Le discours tenu par l’ancien archevêque d’Abidjan, Mgr Jean-Pierre Kutwa, lors de l’intronisation de son successeur, Mgr Ignace Blessi, samedi dernier, n’a pas laissé indifférents des guides religieux chrétiens. Dans cette déclaration, Dr Jonathan Gba, grand médiateur des églises pentecôtistes et évangéliques, lui répond.

Déclaration- Dr Jonathan Gba à Mgr Jean-Pierre Kutwa : « Non, un guide religieux, ne devrait pas se répandre avec autant de maladresse et d’irrévérence ! »
Dr Jonathan Gba, grand médiateur des églises pentecôtistes et évangéliques

Déclaration- Dr Jonathan Gba à Mgr Jean-Pierre Kutwa : « Non, un guide religieux, ne devrait pas se répandre avec autant de maladresse et d’irrévérence ! »

Le discours tenu par l’ancien archevêque d’Abidjan, Mgr Jean-Pierre Kutwa, lors de l’intronisation de son successeur, Mgr Ignace Blessi, samedi dernier, n’a pas laissé indifférents des guides religieux chrétiens. Dans cette déclaration, Dr Jonathan Gba, grand médiateur des églises pentecôtistes et évangéliques, lui répond.

« Les années 2010-2011 ont été du point de vue politique déplorables pour toute la Côte d’Ivoire entière.  Plus de 3000 morts, des exilés, des prisonniers, des portés disparus, le traumatisme et la dégradation de la cohésion sociale et j’en passe. 

Cette crise devrait être un lointain souvenir mais bien plus un enseignement pour chaque ivoirien, acteur politique, et guide religieux.

Elle a fait des victimes dont les conséquences subsistent jusqu’à aujourd’hui fragilisant ainsi la belle ambiance entre fils du pays des années 60.

Notre pays se remet peu à peu des stigmates et blessures que lui ont infligé une guerre injustifiée. 

A l’aube de ses 64 ans, et à la lisière des prochaines échéances électorales, nous, acteurs d’une Côte d’Ivoire émergente et réconciliée avec elle-même devront être des exemples inéluctables et prêts à payer le prix pour pérenniser ce climat pacifique et non être acteurs, coauteurs, complices d’un énième embrasement.

Un homme de Dieu a récemment pris la parole dans une église pour clamer avec insistance à son assemblée « qu’il faut savoir partir », allant jusqu’à s’établir juge de l’utilité ou de l’inutilité de tel ou tel individu.

Cette prise de parole serait passée inaperçue si le personnage en lui-même n’était pas coutumier des propos provocateurs et clivants qu’il n’a eu de cesse de tenir, avec une intrusion à peine voilée dans le champ politique.

Non, un homme de Dieu, fut-il prélat d’une grande communauté religieuse, ne devrait pas dire ça !

Non, un guide religieux, fut-il archevêque au sein de sa congrégation, ne devrait pas se répandre avec autant de maladresse et d’irrévérence !

La Bible ne nous enseigne-t-elle pas que « chacun doit obéir aux autorités placées au-dessus de nous » ?

Les Saintes Ecritures ne nous apprennent-elles pas que « toute autorité vient de Dieu, et [que] c'est Dieu qui donne leur place à celles qui existent » ?

La parole de Dieu ne nous met-elle pas en garde en ces termes « si quelqu'un lutte contre les autorités, il lutte contre l'ordre voulu par Dieu » ?

Oui, l’ordre voulu par Dieu pour notre pays, c’est de vivre en paix avec tous nos frères et toutes nos sœurs des autres communautés religieuses.

L’ordre voulu par Dieu pour notre pays, c’est d’avoir la sagesse de comprendre qu’au sein de chaque communauté religieuse, se retrouvent notre diversité ethnique et la pluralité des opinions politiques qui fonde notre démocratie.

Enfin, l’ordre voulu par Dieu, c’est d’admettre que la séparation entre l’église et l’Etat est indispensable, pour éviter que la passion de la foi ne trouble la quiétude nécessaire à la gestion de la chose publique.

La Côte d’Ivoire, notre pays, a traversé une grave crise politique dont nous avons su nous relever tous ensemble. Il nous faut désormais combattre les démons de la division et de la haine qui nous conduiraient inexorablement dans un conflit religieux.

Les ressorts de notre cohésion sociale sont encore bien fragiles. Nous devons les renforcer par la Prière et par l’Enseignement des vertus de l’Amour à nos fidèles : c’est cela le véritable rôle d’un homme de Dieu.

S’ériger en donneur de leçons est particulièrement affligeant et visiblement inapproprié, surtout quand on connait les vicissitudes de notre condition d’Etre humain.

On ne peut pas, et on ne devrait pas, de sa seule autorité, et du haut de son perchoir, décider du destin des hommes. Cette attitude condescendante déshonore la communauté chrétienne qui enseigne elle-même les vertus de l’Humilité.

Dans une République, seul le suffrage du peuple est juge de l’utilité ou de l’inutilité de ceux qui sont appelés à conduire la destinée de la Nation.

Mieux, dans nos sociétés africaines, l’héritage ne s’exige pas. Appeler ouvertement à la succession du père du vivant de ce dernier est un acte indigne. Tout comme l’enfant doit apprendre à grandir, à se battre et à se soumettre aux règles de la communauté pour survivre, le bourgeon doit être en capacité de subir toutes les intempéries pour émerger, devenir une fleur puis éclore.

De même que tous les bourgeons ne deviendront pas systématiquement des fleurs, tous les jeunes ne sont pas nécessairement aptes à prendre la relève. Seul le parcours initiatique de chacun détermine sa capacité à assumer les charges en toute maturité.

La Côte d’Ivoire a connu une crise identitaire causée par les politiques, elle ne doit pas connaitre une crise religieuse déclenchée cette fois-ci par des hommes de Dieu eux-mêmes.

Puisse Dieu donner à chacun d’entre nous la Sagesse et le Discernement nécessaires afin que, autant que cela dépend de nous, nous soyons en paix avec tous les hommes comme nous le recommande la Bible.

Eu égard à ce qui précède, la préservation du climat de paix et de sécurité demeure notre cheval de bataille.

C’est pourquoi, nous annonçons officiellement des tournées de prière pour la cohésion sociale et la paix dans le centre, le nord, l’ouest, l’est et le sud du pays où plus de 10.000 fidèles chrétiens seront rassemblés pour chaque programme de prière cité plus haut dès le mois d’octobre jusqu’en décembre 2024.

Des audiences inter-religieuses pour maintenir notre héritage qui n’est rien d’autre que la paix, sont prévues par la suite pour conjuguer ensemble la paix dans tout son sens.

Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire et bonne fête de l’indépendance à tous les ivoiriens. »

 

Dr Jonathan Gba, grand médiateur des églises pentecôtistes et évangéliques